Aujourd’hui, en tant que Directeur Général du Cercle de l’Union Interalliée, il a su transposer ses valeurs et ses compétences dans un environnement unique, où l’exclusivité et la personnalisation du service sont primordiales.
Dans cette interview, il partage son approche du service haut de gamme, sa philosophie du management et nous dévoile les clés pour réussir dans l’univers exigeant du luxe. Un échange inspirant avec un professionnel qui a su allier savoir-faire et leadership au fil de ses nombreuses expériences.
Bonjour Jérôme ! Pouvez-vous nous emmener dans les coulisses de votre parcours ? Quels ont été les moments marquants qui ont façonné votre chemin ?
Je suis titulaire d’un bac professionnel hôtellerie / restauration que j’ai obtenu au Lycée Hélène Boucher au Mans en 1998. Pendant mon cursus scolaire dans cette école j’ai pu découvrir différents hôtels et restaurants au travers de nombreux stages et j’ai rapidement eu une attirance pour les hôtels de luxe. J’ai fait mes premières armes dans le Groupe Barrière à la Baule puis à Deauville et cela a renforcé ma détermination à évoluer dans ce type d’établissements.
Après mes études, j’ai travaillé dans le Sud de la France au Sofitel de Cannes en tant que commis de rang, puis j’ai rejoint l’Angleterre en 1999 où je suis resté une année dans le groupe Forté Heritage dans deux hôtels différents.
En 2001, après mon service militaire, j’ai repris les saisons. D’abord à Megève aux Fermes de Marie puis au Byblos à Saint Tropez.
En 2002, j’ai intégré les équipes du George V à Paris aux banquets en tant que chef de rang puis j’ai rapidement évolué pour devenir trois années plus tard, directeur adjoint de ce service. En 2005, j’ai pris la direction du Room Service de cet hôtel mythique puis en 2008, j’ai demandé à être transféré au sein du groupe aux Etats-Unis, à Atlanta pour prendre la Direction du Bar et du Lounge.
Après 8 années passées chez Four Seasons, je suis rentré à Paris en 2010 pour participer à l’ouverture de l’hôtel Shangri-La en tant que Responsable du Restaurant La Bauhinia et du Room Service avant de devenir Directeur adjoint de la Restauration puis Responsable de la restauration. Nous avions alors 3 restaurants dont deux qui étaient étoilés Michelin.
En 2014, j’ai regagné les équipes de Thierry Marx au Mandarin Oriental (autre groupe Chinois) en tant que Responsable de la Restauration puis j’ai été promu Directeur des Opérations F&B.
En 2018, j’ai participé à la réouverture du Lutetia qui avait fait peau neuve après quatre années de travaux, en tant que Directeur de la Restauration.
Deux ans plus tard et après presque dix années de Direction de la restauration de Palace Parisiens, je suis devenu Directeur de Opérations à l’Hôtel Fouquet’s du Groupe Barrière situé sur les Champs Elysées. J’avais la responsabilité des points de vente restauration, dont la brasserie mais également de l’hébergement, du Spa, du Service technique et de la sécurité de l’hôtel.
Depuis 2022, j’occupe le poste de Directeur Général au Cercle de l’Union Interalliée situé Rue du Faubourg Saint Honoré à Paris. Il s’agit d’un Cercle privé qui compte plus de 3500 membres avec 2 restaurants, 1 bar, des salons de réception, un grand jardin et un ensemble Sportif de 3000m2 avec une grande piscine, des terrains de squash et des salles de cours collectifs. Je gère une équipe de 170 personnes dont 13 chefs de service.
Votre parcours vous a permis d’aborder l’hôtellerie sous différents angles : la restauration, la gestion opérationnelle, la direction générale… Comment cette richesse d’expériences façonne-t-elle aujourd’hui votre leadership et votre manière d’accompagner vos équipes ?
Le fait d’avoir démarré en bas de l’échelle, d’avoir évolué au fil du temps dans différents établissements dans des groupes français et internationaux et d’avoir toujours travaillé dans l’opérationnel me permet d’avoir une certaine légitimité. J’aime entretenir une proximité avec les équipes. Je débute toutes mes journées par un tour de l’établissement pour aller saluer les équipes, qu’elles soient en plonge, en lingerie, dans les ateliers techniques, dans les cuisines ou dans les bureaux. Cela me permet de rester aux contacts, d’être accessible pour les équipes et de pouvoir recueillir des informations. J’ai également eu la chance de participer à beaucoup de formations professionnelles qui m’ont permis de mieux appréhender certaines situations du quotidien (coaching, animation de réunion, prise de parole en public, recrutement, etc. …).
Selon vous, qu’est-ce qui définit véritablement une expérience de luxe aujourd’hui ?
Je pense que le luxe aujourd’hui c’est lorsque l’on vit un moment sans stress, sans anxiété et où la moindre de nos demandes est anticipée. C’est vivre une expérience unique, sereine et inoubliable. Ce sont des petites attentions répétées et l’envie des équipes de vous faire vivre une belle expérience qui créent selon moi des instants suspendus. C’est un sommelier passionné qui vous parle du vin et qui vous fait découvrir des pépites, c’est un serveur attentionné qui a repéré que vous étiez gaucher et qui adapte la mise en place des couverts sur la table pour vous, c’est lorsque vous arrivez dans un lieu et que l’on vous appelle par votre nom, c’est lorsque vous visitez un restaurant pour la deuxième fois et que l’on se souvient non seulement de vous, mais aussi de vos préférences.
En tant que Directeur Général du Cercle de l’Union Interalliée, quelles sont les particularités de ce poste par rapport à vos précédentes expériences en hôtellerie de luxe ?
Le Cercle Interallié n’a pas de chambre contrairement aux établissements dans lesquels j’ai travaillé auparavant. Nous n’avons pas non plus de client. Ce sont des membres et donc des personnes qui fréquentent assidûment nos restaurants ou notre centre sportif. C’est un peu comme un restaurant qui n’aurait que des clients réguliers. Nous devons néanmoins les faire se sentir comme chez eux, les reconnaitre et leur faire passer de bons moments, que ce soit dans l’un de nos restaurants, pendant un cours de boxe ou de billard français. Nous devons également veiller à ce que nos salons et nos équipements soient parfaitement entretenus et à leur proposer des activités nouvelles et enrichissantes (nous organisons par exemple beaucoup de conférences sur des thèmes variés ou des dîners à thèmes). Mon rôle est d’orchestrer les différents services administratifs et opérationnels, de veiller à la qualité des prestations et d’être le garant de la bonne santé financière de l’association et de la société immobilière.
Comment décririez-vous l’âme et l’histoire du Cercle de l’Union Interalliée à quelqu’un qui ne le connaît pas ?
Le Cercle de l’Union Interalliée existe depuis 1917 et a été créé pendant la première guerre mondiale. Il a toujours été un lieu qui, de par sa tradition et sa vocation, accueille et encourage les arts et les artistes. C’est également la maison des prix littéraires où l’on organise aussi de nombreux événements culturels (conférences, concerts et expositions). C’est un lieu d’accueil et d’échanges, de brassage des idées et d’ouverture. C’est un endroit privilégié au cœur de Paris, petit bijou d’architecture où se côtoient notamment des capitaines d’industries, des hommes et femmes politiques, des ambassadeurs, des financiers, des avocats ou des officiers généraux. De par son histoire séculaire, le Cercle Interallié contribue à maintenir un art de vivre à la française et de ce fait, au rayonnement de la France.
Si vous deviez enseigner une seule leçon à la nouvelle génération de professionnels du luxe, quelle serait-elle ?
Je n’ai pas vraiment de leçon à enseigner mais je pense que l’envie de faire plaisir doit être au cœur de nos motivations lorsque l’on travaille dans le secteur du luxe. Il faut évidemment une bonne éducation et une présentation soignée mais le désir de créer un moment unique pour les clients, les reconnaitre et l’anticipation de leurs besoins doit être un axe majeur pour créer une expérience de luxe, que l’on travaille dans un hôtel, un restaurant ou une boutique. L’expérience et les formations aident ensuite à mieux analyser les situations, à mieux décrypter nos clients pour mieux adapter nos attentions. \
Pour terminer sur une note personnelle, si vous étiez...
- Une destination : Une maison de campagne chaleureuse et conviviale
- Un livre : Le parfum de Patrick Süskind
- Un accessoire : Un couteau Suisse
- Une saveur : Sucrée