Interview

Édouard Lapasset, General Manager du Mandarin Oriental, Paris : l’hôtellerie comme vocation, l’excellence comme art de vivre

Édouard Lapasset connaît les rouages de l’hôtellerie de luxe pour les avoir vécus pleinement, jour après jour, au contact des équipes et des clients. Aujourd’hui à la tête du prestigieux Mandarin Oriental, Paris, il porte une vision profondément humaine de l’hospitalité, nourrie par plus de 15 ans d’expérience et une passion pour le service. Ce qui guide son parcours, c’est son engagement, l’attention portée au moindre détail, le respect du travail collectif, et une sensibilité authentique aux émotions partagées. 

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De ses premières expériences sur le terrain jusqu’à la direction d’un palace parisien, Édouard a toujours cultivé la curiosité, l’enthousiasme, l’exigence et la transmission. Il décrit ses équipes comme un orchestre qu’il accompagne avec soin, et son métier comme un engagement quotidien, un art de vivre où l’empathie et la générosité prennent tout leur sens. 

Dans cette interview exclusive, il se confie avec authenticité sur sa vision, les valeurs qui fondent son leadership, et livre des conseils précieux à tous ceux qui rêvent de construire une carrière riche de sens dans l’hôtellerie de luxe. 

Édouard, si vous revenez à vos premiers pas, pouvez-vous nous raconter ce moment où vous avez senti au fond de vous que l’hôtellerie ne serait pas qu’un simple métier, mais bien votre vocation, votre passion ? 

Je me souviens d’un été où, encore étudiant, j’ai eu l’opportunité de travailler dans un hôtel. L’énergie des équipes, l’exigence du service, et surtout les échanges humains m’ont profondément marqué. Ce que d'autres voyaient comme de simples gestes : accueillir un client, préparer une chambre, orchestrer un service, … moi, je les vivais comme des rituels porteurs de sens. J’ai compris à ce moment-là que l’hôtellerie allait bien au-delà d’une profession : c’était un art de vivre, une quête permanente d’excellence et de générosité. Depuis, je n’ai jamais envisagé de faire autre chose. 

Vous avez exploré tant de facettes de l’hôtellerie : Housekeeping, Front Office, Rooms Division, puis en Direction. Qu’est-ce que cela vous a appris sur les coulisses du luxe, celles qu’on ne voit jamais ? 

Ce parcours multiple m’a permis de comprendre que le luxe, repose sur une mécanique invisible, exigeante, presque chorégraphiée. Chaque département, chaque collaborateur, chaque détail joue un rôle fondamental. En Housekeeping, par exemple, j’ai appris l’importance du silence dans le service : une chambre parfaite se remarque surtout par ce qu’elle ne laisse pas transparaître. Le Front Office m’a appris l’écoute, l’empathie, la capacité à devancer les besoins. Et aujourd’hui encore, je puise dans ces expériences pour diriger avec justesse. Le luxe ne se montre pas, il se ressent. 

Vous avez gravi les échelons pendant plus de 11 ans chez Mandarin Oriental. Quelle est cette « magie » ou valeur qui vous lie à ce groupe et qui fait que vous y avez construit une partie majeure de votre carrière ? 

Il y a une chose qui m’a frappé très tôt chez Mandarin Oriental : l’alliance du raffinement asiatique avec l’élégance européenne. Mais au-delà de cette esthétique, ce sont les valeurs humaines du groupe qui m’ont profondément séduit. Nous parlons souvent « d’intelligence émotionnelle » : ici, elle est au cœur de chaque décision. On y valorise la bienveillance, la loyauté, le développement personnel. Mandarin Oriental m’a offert un environnement dans lequel j’ai pu grandir, me remettre en question, et toujours viser plus haut sans jamais perdre de vue l’essentiel : le service de nos clients. 

À votre poste de General Manager au Mandarin Oriental Paris, quels aspects de la gestion d’un hôtel de cette envergure vous captivent le plus, et pourquoi ? 

Ce qui me passionne, c’est l’orchestre. Un palace comme le nôtre, c’est une partition jouée chaque jour par plus de 300 talents, dans l’ombre comme en lumière. Ce qui m’anime, c’est d’être le chef d’orchestre, mais aussi le soutien, l’inspiration, parfois l’élève. Il faut à la fois une vision stratégique, une grande rigueur opérationnelle, et une capacité d’adaptation constante. Ce qui me touche particulièrement, c’est l’impact humain : voir un collaborateur s’épanouir, un client revenir des années plus tard avec le même regard émerveillé… c’est ça, ma plus grande fierté. 

Selon vous, qu’est-ce qui différencie réellement l’ADN du Mandarin Oriental en matière d’excellence et d’expérience client ? 

Il s’agit de notre capacité à créer une connexion émotionnelle. Au Mandarin Oriental, Paris, nous n’offrons pas seulement un service irréprochable ; nous créons des souvenirs. Nous cherchons à comprendre nos hôtes, parfois avant même qu’ils ne s’expriment. Cela passe par l’authenticité, par des attentions discrètes et inoubliables. Chaque client est unique, et c’est en traitant chaque demande avec sincérité que nous faisons la différence. 

Si un jeune professionnel venait vous voir en pleine période de doute, que lui diriez-vous pour lui redonner confiance et énergie ? 

Je lui dirais d’abord de ne pas avoir peur de douter et, ensuite, de revenir à ce qui l’a fait vibrer au départ. L’hôtellerie est un métier exigeant, mais c’est aussi un métier de passion. On donne beaucoup, mais on reçoit encore plus, en rencontres, en émotions, en fierté. Enfin, je lui rappellerais que les plus beaux parcours ne sont jamais linéaires. Chaque expérience, même difficile, forge une part précieuse de notre identité professionnelle. L’essentiel, c’est de rester fidèle à soi-même. 

Et pour terminer sur une note personnelle, si vous étiez... 

  • Un objet : Un carnet de voyage en cuir, patiné par le temps, symbole d’histoires vécues et à venir. 
  • Un accessoire : Une montre ancienne, mécanique, élégante mais discrète, qui rappelle l’importance du temps bien employé. 
  • Un moment de la journée : L’aube, quand tout est encore possible et que l’hôtel s’éveille doucement dans un ballet silencieux. 
  • Un souvenir : Le sourire d’un collaborateur que j’ai vu évoluer, grandir, prendre confiance, c’est dans ces instants que tout prend son sens. 

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