Echange avec Antoine Ménard : Quand l’opérationnel rencontre la création, au sommet du luxe

De la gestion opérationnelle à la direction créative, Antoine Ménard a tracé un parcours audacieux, à la croisée de l’entrepreneuriat, du conseil et de l’hospitalité de haut vol.  

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Aujourd’hui Chief Creative Officer chez Paris Society, il façonne des expériences où chaque détail raconte une histoire, entre exigence du luxe et innovation sensorielle. Son regard affûté, nourri par des années dans les coulisses du service, propulse aujourd’hui la marque vers des univers toujours plus immersifs, plus sensibles, plus mémorables. 
Dans cette interview, Antoine partage avec nous les ressorts de sa vision, les défis de sa transformation, les tendances créatives qui l’inspirent… mais aussi, ce qui fait de lui un créateur à part : profondément humain, libre et résolument tourné vers l’avenir. 


Vous êtes passé de la gestion opérationnelle dans la restauration de luxe à la direction créative de Paris Society. Quelle est l’étincelle qui a déclenché cette passion pour la créativité dans un univers aussi exigeant que le luxe ? 

J’ai eu la chance de débuter dans la gestion opérationnelle, un terrain où l’humain est au centre de chaque décision. L’hospitalité est un métier exigeant, mais incroyablement riche, où l’on doit jongler entre les besoins souvent contradictoires de chaque acteur, qu’il soit producteur, cuisinier, serveur, client, ou entrepreneur. Comprendre cette alchimie subtile m’a permis de voir l'importance du détail dans la création d'une expérience mémorable. 
Le luxe, par sa nature, pousse à l'excellence. Mais pour moi, l’élément déclencheur n’a pas été l’attrait pour le luxe lui-même, mais plutôt un désir profond de donner du sens à chaque action, à chaque projet. Le souci du détail, la recherche constante de perfection, mais aussi l’envie de raconter une histoire, de transmettre une émotion à travers des espaces, des objets, des expériences, m’ont naturellement conduit à la direction créative. 
Cette transition vers la création n’a pas été un « saut dans l’inconnu » mais une évolution naturelle de ma volonté d’aller au-delà de l’opérationnel. Passer de la gestion à la narration, c’est investir chaque projet d'une dimension émotionnelle, comme une partition musicale où chaque détail, chaque note a son importance. 

Vous avez occupé des fonctions variées dans des univers parfois très différents. Quelle compétence clé vous a suivi et porté tout au long de votre parcours ? 

Au-delà des compétences techniques que l’on peut acquérir dans chaque fonction, ce qui m’a véritablement porté, ce sont les personnes. Les rencontres ont été une véritable source d’inspiration. En 2010, quand je me lance dans l’entrepreneuriat, c’est une aventure excitante, mais aussi risquée. Les succès et les échecs m’ont appris énormément, mais surtout à développer deux compétences essentielles : la résilience et l’opiniâtreté. Le parcours n’est jamais linéaire, et c’est cette capacité à rebondir qui m’a permis de retrouver l’envie de créer et d’avancer. 
Puis, en 2016, ma rencontre avec Laurent de Gourcuff a été un tournant décisif. Sa vision, sa confiance en moi m’ont permis de me réinventer. Ce n’était pas seulement un défi professionnel, mais aussi une opportunité d’entreprendre dans un cadre différent, où la créativité et l’innovation étaient au cœur de la stratégie. Il m’a permis de réconcilier mon goût pour l’opérationnel avec mon aspiration créative. 

Votre passage de Chief Operating Officer à Chief Creative Officer chez Paris Society suppose un vrai changement de posture. Quel a été votre plus grand défi dans cette transition ? 

Effectivement, le changement de rôle entre COO et CCO chez Paris Society n’a pas été une simple transition opérationnelle, mais une véritable évolution dans la manière d’approcher le travail. Là où la gestion des opérations repose sur des bases solides, des processus maîtrisés, la direction créative exige une liberté d’imaginer, d’expérimenter sans forcément chercher à tout contrôler. 
Cependant, ce qui m’a toujours marqué chez Paris Society, c’est cette volonté de ne pas nous imposer de limites a priori. Nous privilégions l'innovation et la créativité avant tout. En d’autres termes, le cadre technique et administratif intervient après, une fois que l’idée créative est formée, pour préserver au maximum l’essence du projet. 
Le plus grand défi, ce n’est donc pas tant le changement de posture, mais la gestion de cette tension constante entre créativité et contraintes techniques. Trouver un équilibre où la passion de l’innovation reste intacte tout en assurant la faisabilité du projet dans un environnement extrêmement exigeant. Mais heureusement, j’ai la chance de travailler avec des équipes qui partagent cette vision et ce challenge. 

Les codes du luxe évoluent sans cesse. Quelles tendances créatives vous semblent aujourd’hui les plus prometteuses à explorer chez Paris Society ? 

Chez Paris Society, nous avons toujours privilégié une approche intemporelle. Être à la mode peut effectivement signifier devenir rapidement obsolète. Nous cherchons à offrir des expériences authentiques, qui traversent les époques. Néanmoins, plusieurs tendances émergent, notamment l’idée d’expérience immersive, qui va au-delà de la simple consommation. Les clients veulent des moments qui les touchent émotionnellement, qui les marquent profondément. 
Une autre tendance forte est la fusion entre différents secteurs du luxe. Le retail, la mode, l’hôtellerie, la gastronomie se mélangent de plus en plus, et cela permet de créer des univers où nos marques peuvent vivre pleinement. Ce n’est pas seulement un restaurant ou un hôtel, c’est une véritable immersion dans un monde, un ensemble cohérent d’éléments qui créent une expérience globale. 
Enfin, je pense que la création de marques à part entière, et non plus de simples concepts isolés, est un élément fondamental pour se différencier. Il s’agit de construire un véritable univers autour de chaque projet, permettant une connexion plus forte avec le public et créant un sentiment d’appartenance unique. 

Comment nourrissez-vous votre imagination au quotidien pour rester innovant tout en respectant l’ADN du luxe ? 

Ma créativité s’alimente de diverses manières, mais elle trouve souvent son origine dans un voyage temporel et spatial. Le passé, avec ses archives, ses savoir-faire ancestraux, m’inspire profondément. Par exemple, l’histoire de Maxim’s a été pour nous l’occasion de revisiter une institution du luxe, d’en redonner toute sa splendeur en respectant ses racines tout en y insufflant une nouvelle énergie. 
Le voyage, également, est une autre source d’inspiration capitale. L’exploration de nouvelles cultures, de nouveaux horizons me permet de nourrir mon imagination avec des couleurs, des textures, des émotions différentes. C’est ce mélange, ce croisement entre l’héritage du luxe et la découverte d’autres univers, qui me permet de créer des expériences uniques. 

Quel conseil donneriez-vous à un jeune talent qui rêve de mêler création, hospitalité et exigence du luxe ? 

Le plus important est de rester fidèle à soi-même tout en cultivant l'exigence. Le parcours dans le luxe est semé d'embûches, et il faut beaucoup de résilience pour s’imposer. Il ne s'agit pas seulement de talent créatif, mais aussi de capacité à se remettre en question, à apprendre de ses erreurs, à travailler sans relâche. Le talent seul ne suffit pas. Il faut aussi de la discipline, de l'humilité et une constante remise en question. 
Je lui dirais aussi de s’entourer des bonnes personnes, de développer des relations sincères et constructives. Les rencontres, les échanges d’idées, les mentors sont essentiels dans ce parcours. C’est à travers ces interactions que l’on grandit, qu’on trouve des pistes de créativité et que l’on affine son propre regard sur le luxe et l’hospitalité. 


Et pour terminer sur une note personnelle, si vous étiez...

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