Yves Wencker – L’élégance du lien humain

Dans un monde où l’hospitalité tend parfois à se techniciser, Yves Wencker incarne une vision rare : celle d’un hôtelier qui place l’humain au cœur de tout. Né dans une lignée d’artisans du goût, marqué par l’Alsace et ouvert très tôt au monde, il a construit son parcours comme on sculpte une œuvre patiemment, avec humilité, exigence et passion. De Londres à Marrakech, des yachts aux palaces, il n’a jamais cessé d’apprendre des cultures, des équipes, des lieux, avec cette conviction profonde que le luxe véritable réside dans le détail sincère, l’écoute active, le respect de l’autre.

news-main-yves-wencker-lelegance-du-lien-humain.1754039341.jpeg

À la tête de l’Hôtel Westminster, qu’il a accompagné dans sa renaissance, Yves Wencker ne cherche pas à briller : il œuvre en finesse. Son regard est calme, sa parole posée, mais derrière cette réserve élégante se cache une maîtrise des équilibres les plus subtils, entre tradition et modernité, excellence et chaleur, exigence et bienveillance. 

Cet entretien dévoile les contours d’un métier qu’il vit comme un art, et d’une vocation qu’il incarne avec grâce. 

Votre parcours s’est initié à bord des yachts de luxe avant de vous mener vers les plus grandes maisons, du Ritz Londres au Taj Palace Marrakech, en passant par Disneyland Paris. Qu’est-ce qui vous a d’abord attiré dans l’univers de l’hospitalité, et comment cette première curiosité est-elle devenue une véritable vocation ? 

C’est souvent dans les détails de l’enfance que naissent les grandes passions.  
J’ai grandi dans une famille où l’artisanat du goût et le sens du service étaient omniprésents : mes arrière-grands-parents étaient bouchers, mes grands-parents boulangers-pâtissiers, et mon père, lui-même boulanger, a ensuite cuisiné pendant son service militaire avant de devenir cheminot. J’avais aussi un oncle proche, formé à l’école hôtelière de Thonon-les-Bains, qui me faisait rêver avec ses histoires d’hôtellerie de prestige et de voyages. C’est tout naturellement que je me suis orienté vers cette voie. Après un bac général, j’ai intégré le lycée hôtelier d’Illkirch (Strasbourg) pour y passer un BTS. Diplôme en poche et passeport en main, j’étais prêt à voir le monde et entamer une carrière internationale. 

Vous avez gravi les échelons sur le terrain, à l’international, en vous confrontant directement aux réalités humaines et opérationnelles. Quelles pratiques de leadership nées de cette époque continuent de guider vos décisions aujourd’hui ? 

L’humilité est essentielle, tout comme la soif d’apprendre et l’amour des gens. Pour moi, ce métier touche presque à l’humanitaire, à l’humanisme, Il engage quelque chose de profondément humain.  
L’expatriation impose une posture d’invitation : il faut s’intégrer, comprendre et respecter la culture du pays hôte. On arrive chez l’autre, et cela change tout dans la manière d’être, de parler, de décider. Travailler sur cinq continents m’a appris à faire preuve d’agilité, à adapter mon management selon les cultures, à lire entre les lignes, à percevoir ce qui n’est pas dit, sans jamais perdre de vue l’exigence d’excellence, tout en atteignant les objectifs fixés par le groupe, le propriétaire ou la compagnie de gestion, souvent les trois en même temps. C’est un véritable exercice d’équilibriste, entre discernement et écoute active. Un défi quotidien que j’embrasse avec passion. 

Vous avez exercé des fonctions de direction à Londres, Marrakech ou encore Paris, dans des environnements à la fois géographiques, culturels et organisationnels très contrastés. En quoi cette diversité a-t-elle enrichi votre capacité à anticiper les attentes des clientèles internationales et à fédérer des équipes multiculturelles avec justesse et agilité ? 

Chaque culture m’a offert une manière différente d’aborder le service, la relation client et la dynamique d’équipe. En vivant ces diversités de l’intérieur, j’ai appris à anticiper les attentes en fonction des origines culturelles des clients, mais aussi à parler un langage universel du service reposant sur des valeurs comme l’émotion vraie, l’authenticité du geste, la qualité de présence.  
Fédérer des équipes multiculturelles, c’est avant tout une question de respect, de communication bienveillante et d’objectifs partagés. Il faut savoir composer avec les sensibilités individuelles tout en créant une identité collective. Cela demande de la finesse, de la clarté, et beaucoup de cœur. 

Aujourd’hui, vous êtes à la tête de l’Hôtel Westminster, joyau rénové situé sur la légendaire rue de la Paix, haut lieu du luxe parisien. Qu’est-ce qui vous a donné envie de relever ce défi ? Et quelle touche personnelle souhaitez-vous insuffler à cet hôtel de prestige ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de relever ce défi ? Et quelle touche personnelle souhaitez-vous insuffler à cet hôtel de prestige ?  

Ma rencontre avec Monsieur CHIU, fondateur du groupe Warwick et propriétaire du Westminster, a été déterminante. J’ai été séduit par sa vision et par le potentiel unique de cette adresse. Ce lieu a une âme, une histoire singulière ancrée dans l’élégance parisienne, et pourtant tourné vers l’avenir.  
L’hôtel, en pleine transformation après trois ans de travaux, a réintégré le cercle fermé des grandes maisons parisiennes et des cinq étoiles depuis le 11 Juin date de son classement par ATOUT France, je suis très fier pour l’équipe qui a su répondre présent et relever le challenge en 5 mois, une véritable prouesse. Je suis très fier pour l’équipe qui a su répondre présent et relever le challenge en cinq mois, une véritable prouesse collective, humaine autant que professionnelle. 

Et quelle touche personnelle souhaitez-vous y insuffler ? 

Je veux rester fidèle à mon métier d’hôtelier, sans surjouer la nouveauté. L’essentiel, c’est la constance dans la qualité de service et la chaleur humaine. Les clients cherchent avant tout des instants d’exception, et ces instants naissent de la sincérité du lien humain. Chaque détail compte. Une lumière, un sourire, une discrétion bien placée peuvent transformer un séjour en souvenir.  
L’hôtel est à mi-chemin entre le club anglais et l’hôtel particulier, nous souhaitons cultiver cet esprit empreint de discrétion et pousser les curseurs d’un service personnalisé. Notre ambition est d’incarner un luxe subtil, chaleureux, où l’on se sent immédiatement attendu et reconnu. 

L’hôtellerie de luxe évolue constamment. Selon vous, qu’est-ce qui fait aujourd’hui la véritable différence d’une maison d’exception ? Et comment transmettez-vous cette exigence auprès de vos équipes ?  

Ce sont les femmes et les hommes qui la font vivre. Ni l’architecture, ni le design ne peuvent remplacer l’intention humaine. La personnalisation, la reconnaissance, la mémoire des préférences, voilà ce qui marque durablement les clients. Un anniversaire, un nom d’animal de compagnie, une attention discrète… ce sont ces détails sensibles qui transcendent la relation commerciale et l’ancrent dans l’émotion. La fidélité ne s’achète pas : elle se construit par l’expérience vécue, par la sensation d’être chez soi, ailleurs. 

Et comment transmettez-vous cette exigence à vos équipes ? 

En respectant les équipes. Sans elles, rien n’existe. Le service ne peut être exceptionnel que si ceux qui le rendent se sentent reconnus, écoutés et valorisés. Mon rôle aujourd’hui est de partager mon expérience, d’accompagner, de former, de faire grandir les collaborateurs. La transmission est au cœur de ma mission. Créer les conditions pour que chacun puisse exprimer son talent, c’est aussi cela, diriger avec exigence et humanité. 

Après près de 30 ans d’expérience, si vous pouviez offrir un conseil au jeune homme qui débutait dans l’hôtellerie, que lui diriez-vous ? 

Jeune homme ou jeune femme, ne jamais perdre de vue que c’est une passion. Le plus beau métier du monde. Mais aussi l’un des plus exigeants, car il engage la personne dans toute sa dimension humaine : l’écoute, la patience, la rigueur, l’adaptabilité. Il faut persévérer, croire en soi, viser l’excellence sans jamais la prétendre acquise. Rien n’est jamais gagné d’avance, mais tout peut être appris avec curiosité, ouverture et générosité. Et surtout, savoir que rien de durable ne se fait sans les autres : le travail d’équipe est la clé. L’intelligence collective, la confiance partagée, le plaisir de réussir ensemble : voilà ce qui fait toute la beauté de cette vocation. 

Et pour terminer sur une note personnelle, si vous étiez :  

On the same subject