09/06/2022

INTERVIEW : Charlotte Daehn directrice de la communication et responsable RSE chez Courbet

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« Rien de plus merveilleux qu’une pierre précieuse. Rien de plus précieux que l’univers. » Ainsi débute le manifeste de la maison Courbet, premier joaillier français à sertir ses bijoux de diamants créés en laboratoire, créée, en 2018 par Marie-Ann Wachtmeister et Manuel Mallen. Leur vision : un luxe responsable, faire le bien à travers le beau.

Charlotte Daehn, directrice de la communication et responsable RSE de Courbet, nous livre aujourd’hui la portée d’une telle démarche, sa signification, mais également ses objectifs pour les années à venir.

Vendom Talents - Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?

Charlotte Daehn - J’ai tout d’abord été journaliste spécialisée en joaillerie et haute horlogerie. J’ai ensuite pris la rédaction en chef des deux titres Montres Magazine, puis Dreams. Ces parutions appartiennent aux éditions Montaigne, elles m’ont permis de découvrir l’univers des bijoux et des montres de luxe et d’apprendre à apprécier le savoir-faire, la portée de chaque marque dans le monde.

J’ai ensuite participé à la phase de développement de Collector Square, une plate-forme de revente de montres, bijoux et sacs de seconde main. A la suite cette expérience, j’ai monté ma propre agence de brand content nommée Mizanmo qui était spécialisée toujours dans les métiers d’art, le savoir-faire, que ce soit dans l’univers des galeries, de la décoration, de la joaillerie…

Depuis la fin des années 2000 j’ai été fascinée par les recherches menées aux Etats-Unis sur la culture du diamant. Cette approche entre tradition et technologie m’intéressait beaucoup.  On m’a alors parlé de Marie-Ann Wachtmeister et Manuel Mallen qui cherchaient à lever des fonds pour lancer une marque de joaillerie centrée sur ce nouveau diamant. J’ai pris contact avec eux. Les planètes étaient alignées, dès 2017 j’ai intégré l’équipe et notre showroom a ouvert en mai 2018.

V. T. - D'où vous vient cet amour pour le secteur du luxe ?

C. D. – A mon sens, l’univers du luxe n’est pas une question de prix, mais de matière. J’aime particulièrement la définition de la maison Hermès sur le luxe : « Le luxe, c’est ce qui se répare ». Cette notion correspond, à mes yeux, très bien à l’envie d’acheter un joli objet, d’en prendre soin, de le réparer. On se doit de faire vivre un bijou, en le modifiant, le transformant, mais aussi en le transmettant.

V. T. – Pourriez-vous nous parler de Courbet ? De vos fonctions dans cette entreprise ? A l'heure d'un énorme tournant en matière de communication, quels sont vos nouveaux challenges ?

C. D.  – La multiplicité des canaux de communication demande, évidemment, désormais, une plus grande agilité, une plus grande ouverture d’esprit. Des médias traditionnels aux réseaux sociaux, notre storytelling s’applique aussi à la façon dont nous communiquons avec nos clients dans notre showroom de la place Vendôme à Paris. Pour un joaillier à la technologie innovante comme Courbet, nous devons envisager une communication à 360°, en nous imaginant comme notre propre média.

Les campagnes de communication se pilotent avec précisions aujourd’hui, grâce à la data. Nous pouvons choisir d’adresser nos messages à tel ou tel public selon la période et ce que l’on souhaite dire.

Notre storytelling est lié à notre stratégie RSE « Add Goodness to Beauty ». Courbet s’est lancé avec la volonté de renoncer à l’extraction minière, de transformer le sourcing traditionnel de la joaillerie pour adopter un diamant créé en laboratoire et de l’or recyclé. C’est cet engagement écologique de durabilité qui nous tenait à cœur. En 2022, les paroles ne suffisent plus. Il devient primordial pour les marques d’apporter à leurs clients, leurs investisseurs, leurs collaborateurs, des preuves de leurs ambitions. Pour ce faire, Courbet a fait appel au studio d’impact fondé par Céline Dassonville : Ethiwork. Cette dernière a accompagné Courbet sur l’appel d’offre pour faire le bilan carbone, mission confiée à Climate Seed, puis a aidé l’entreprise à se fixer une stratégie, une ligne directrice, des objectifs. Nos engagements portent par exemple :

  • En 2023 : 80% de l’or recyclé employé par Courbet viendra du e-waste versus 50% aujourd’hui et 5% viendra de l’up-cycling d’anciens bijoux de nos clients.
  • Dans le secteur des diamants de laboratoire, la recherche continue pour diminuer l’empreinte carbone, dès l’an prochain la maison pourra diminuer de 80% l’empreinte carbone liée à l’achat de ces diamants avec un objectif 15 kg CO2e par carat en 2028.
  • Dès fin 2023, Courbet aura une empreinte environnementale neutre, et d’ici 2028 une empreinte environnementale positive.*

Nous avons également une collection de bracelet, appelée « Let’s Commit » dont l’achat contribue à financer différentes associations en matière de protection des forêts, des océans, mais aussi de l’enfance.

V. T. – En tant que membre du comité de direction de l’International Grown Diamond Association, pourriez-vous nous parler de l’importance de cette structure pour le futur du luxe ?

C. D. - Ma mission ne s’y inscrit pas au nom de Courbet, mais à titre personnel.  Ils me consultent pour les aider à faire évoluer la perception autour du diamant de laboratoire. Il existe aujourd’hui de nombreux acteurs dans la création du diamant de laboratoire ; aussi bien des créateurs, que des vendeurs ou encore des marques qui utilisent ces diamants. Le message à passer est d’avoir une vision claire de la manière dont nous produisons, achetons et vendons un diamant créé en laboratoire.

Cette gemme est de plus en plus connue de la clientèle qui n’en perçoit pas forcément le réel impact écologique. Si les problématiques éthiques sont mieux connues ; on pense notamment au film Blood Diamond qui a éveillé les consciences et forcé un travail plus contrôlé. En revanche, les consommateurs sont moins conscients des désastres écologiques que pose l’extraction du diamant naturel. A ce titre, nous sommes actuellement partenaires d’une exposition au 66 rue Charlot à Paris, The Caring Gallery. Courbet a acquis une photographie du Sud-Africain Dillon March qui dénonce à travers son projet « For What It’s Worth » l’extraction minière, du diamant mais pas seulement.

V. T. – Comment voyez-vous évoluer la consommation des objets de prestige ?

C. D. – Le monde du luxe s’intéresse depuis plusieurs années aux problématiques de recyclage en investissant dans la recherche et l’innovation. Sa clientèle suit déjà cette prise de conscience, surtout les plus jeunes générations qui en sont même les inspirateurs souvent.

www.courbet.com

* Chiffres du communiqué de presse paru le 1er février 2022.

 

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