Noémie Meyer Ferré : de la rigueur du droit à la passion viticole, un parcours guidé par l’audace et l’authenticité

Noémie Meyer Ferré, fondatrice du Domaine Sainte Joie, incarne le parfait équilibre entre passion et audace. Après une carrière florissante dans le domaine du droit, elle décide de se réinventer en suivant son amour pour le vin, un pari risqué mais réussi. 

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Grâce à sa formation pointue, notamment diplômée niveau 3 du Wine & Spirit Education Trust (WSET), et sa reconnaissance en tant que dégustatrice émérite par l’interprofession des vins d’Alsace, elle s’impose rapidement dans le monde viticole. Son ambition ? Faire découvrir et aimer les vins d’exception du Domaine Sainte Joie tout en respectant les valeurs qui lui tiennent à cœur : authenticité, innovation, et amour du terroir. 
A travers cet échange, Noémie Meyer Ferré nous révèle les secrets de son succès et de sa passion pour la viticulture, qui font de Sainte Joie un domaine viticole à suivre de près !  

Bonjour, pourriez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a motivée à vous lancer dans l'aventure du Domaine Sainte Joie ?  

Bonjour, c'est un plaisir de partager cette aventure. Mon parcours a commencé dans le droit, une discipline exigeante où l’analyse et la rigueur sont essentiels. Une passion plus intime, celle du vin, est restée présente en filigrane. Créer le Domaine Sainte Joie a été une façon d'allier ce sens de l’analyse à une quête de partage et de transmission de cette passion. Je voulais créer le Domaine Sainte Joie pour pouvoir transmettre l’authenticité du terroir alsacien et valoriser ce savoir-faire. Pour moi le vin est un joyau national. Mon objectif est d’inviter à découvrir la richesse et la poésie du vin où tradition et innovation se rencontrent.  

Après une carrière réussie dans le droit, quel a été le moment décisif où vous avez su que l’œnologie deviendrait votre nouvelle vocation ?  

Le droit m'a toujours semblé un moyen d'avancer, non une finalité. J’aime l’aspect technique des procédures et du contentieux et dès le début, je savais qu’un jour cela m’aiderait à tracer une route vers une passion plus personnelle. Mon déclic est survenu lors d'une dégustation où un vin m’a profondément émue, touchant quelque chose de plus intime. Cette émotion m'a confirmé que l'univers du vin détenait une dimension qui me correspondait pleinement et dans laquelle j’aurais toujours énormément à apprendre. Plus tard, ma rencontre avec mon mari, ancré dans le milieu viticole, a rendu les choses évidentes : l’entrepreneuriat dans le vin était la direction naturelle, celle où mon cœur, mon esprit et la famille allaient s’accorder.  

En tant que fondatrice du Domaine Sainte Joie, quelles sont les valeurs principales qui vous guident dans votre production de vins ?  

Les valeurs fondamentales de Sainte Joie sont l’élégance, l’équilibre et la droiture. Je souhaite que chaque vin éveille une émotion, un élan subtil, qui reste dans l’esprit de ceux qui les dégustent. L’élégance, car elle est la marque du domaine et apporte cette touche intemporelle. L’équilibre, pour que chaque cuvée soit harmonieusement complexe et accessible.   

Vous avez été intronisée aux Toques Françaises. Comment cette reconnaissance influence-t-elle votre manière de promouvoir vos vins et d’interagir avec la gastronomie française ?  

Être le premier producteur reconnu par les Toques Françaises est un immense honneur et cela m’a permis de renforcer le lien entre notre domaine et la grande gastronomie. Cette distinction me rappelle chaque jour que le vin n’est jamais seul ; il trouve son plein potentiel lorsqu’il dialogue avec un plat, une histoire, un moment. C’est une invitation à créer des associations subtiles et harmonieuses entre nos vins et les trésors de la gastronomie française, avec l’envie de toujours sublimer l’expérience de dégustation. Je suis émerveillée par la possibilité des accords mets-vin qui révèle l’âme de Sainte Joie et enrichit l’art de vivre à la française.  

Vos vins sont connus pour leur qualité exceptionnelle. Qu'est-ce qui les rend uniques et comment reflètent-ils le terroir alsacien ?  

Les vins du Domaine Sainte Joie ont vocation à marquer l'esprit, pour laisser une impression sensorielle durable. Chaque cuvée est une invitation à découvrir des sensations uniques, à travers un touché de bouche, des arômes et des textures qui diffèrent en fonction des terroirs. Prenons notre Pinot Noir, une sélection parcellaire d’exception. Il dévoile des notes envoûtantes de fruits confits, de moka, de fumée, et de torréfaction, créant une complexité aromatique que l’on retient longtemps. C’est un vin qui parle à la mémoire et qui invite à une immersion totale, évoquant l’élégance et l’équilibre que nous souhaitons dans chaque bouteille.  

En tant que femme évoluant dans un secteur historiquement masculin, quels défis avez-vous rencontrés et comment cela a-t-il influencé votre vision pour le Domaine Sainte Joie ?  

Dans un milieu où les traditions sont profondément ancrées, certains comportements m'ont rappelé les limites que le regard d'autrui peut parfois imposer. Pourtant, je n’ai jamais abordé mon travail en me définissant par mon genre. Pour moi, chaque défi est une invitation à me dépasser, à bâtir et à faire avancer une vision.   
C’est avec cette conviction que j’ai choisi de solidifier mes compétences, de me former et d’acquérir une expertise sans compromis. J’ai toujours voulu que mes connaissances soient indiscutables, tant en œnologie qu’en gestion et en communication, pour guider le Domaine Sainte Joie avec toute l’assurance et la maîtrise nécessaires. Cette démarche m’a permis d’agir libre des attentes extérieures.  
Ce parcours m’a également appris que la sensibilité et la persévérance sont des forces. Il y a, je pense en tant que femme une façon plus intuitive et intime de m’investir dans ce projet, comme un instinct de protection maternelle qui m’incite à donner chaque jour le meilleur de moi-même. Porter le Domaine Sainte Joie, c’est aussi pour moi un acte de dévouement, et cette passion m’anime profondément. J’aime penser que cet engagement crée un lieu où le partage est palpable à chaque rencontre, à chaque découverte.  

Pour terminer, sur une note plus personnelle, si vous étiez :

- Un livre : L’Étranger d’Albert Camus. Ce roman m'inspire par sa profondeur et par la liberté qu'il représente dans la façon de vivre et de penser. Loin de chercher à plaire ou à s'adapter, Meursault incarne une authenticité brute, une façon d’être qui n’appartient qu’à lui. Cette approche m’a toujours touchée, car elle rappelle que suivre son propre chemin, même lorsqu’il va à contre-courant, est une force en soi. L’Étranger est pour moi une invitation à assumer pleinement son identité et ses choix, à être en paix avec soi-même, même lorsque les autres peinent à comprendre. C’est cette fidélité à soi que je cherche à cultiver chaque jour.  

- Une destination : Tokyo. Cette ville est un mélange fascinant de tradition et d'ultra-modernité, où chaque quartier semble raconter une histoire unique. Tokyo est marquée par une précision et une esthétique qui me parlent profondément, alliant des valeurs anciennes à une innovation permanente. À Tokyo, le rythme effervescent côtoie des moments de sérénité dans les jardins ou les temples, rappelant l'importance de l’équilibre et de la finesse. C’est un lieu qui inspire à la fois respect et audace, où l’on apprend que pour avancer, il faut savoir honorer ses racines tout en ayant le courage de réinventer l’avenir. 

- Un plat : La tarte Tatin. Inventée par les sœurs Tatin, ce dessert incarne l’audace et la simplicité. C’est un plat qui, par une simple inversion, révèle une nouvelle façon de savourer des saveurs classiques, offrant une expérience inattendue. Cette création représente pour moi une sorte de délicatesse brute : des pommes caramélisées doucement, une pâte dorée, chaque bouchée à la fois chaleureuse et surprenante. La tarte Tatin est un hommage à la créativité féminine, une manière d’aller à l’essentiel tout en offrant quelque chose d’inoubliable.  

- Un parfum :  L’odeur d’une cave en chêne. Ce parfum, chaleureux et enveloppant, rappelle le cœur d’une cave où le temps et la nature opèrent patiemment. Il y a quelque chose de profond et de vivant dans l’odeur du bois de chêne qui vieillit, une impression de force tranquille et de permanence. Pour moi, ce parfum capture l’essence de ce que j’aime dans le vin : l’ancrage dans le temps, la richesse des histoires, et le travail invisible qui révèle les meilleures notes, tout en profondeur et en retenue.  

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