En tant que Directrice Exécutive de Sup de Luxe, Marta se consacre à développer des programmes qui répondent aux défis actuels du secteur. Sa passion pour l'éducation et son désir de transmettre son savoir aux nouvelles générations font partie intégrante de son engagement.
Dans cette interview, Marta Marcheva dévoile son parcours, ses réflexions sur l'éducation dans le secteur du luxe et sa vision pour former la nouvelle génération de professionnels.
Bonjour, pouvez-vous nous parler des étapes clés de votre parcours, de ce qui vous a motivée à travailler dans le secteur du luxe et de l'éducation et comment avez-vous abouti à votre rôle actuel de Directrice Exécutive au sein de Sup de Luxe ?
Mon parcours est double, à la fois professionnel et académique, et a débuté avec mon arrivée en France en 1998 pour faire des études de communication. J’ai été à l’époque très inspirée par l’univers de la publicité à la fois par sa puissance créative et commerciale – je fais partie d’une génération Publicis marquée par le roman de Beigbeder 99 Francs. A 20 ans, mon intérêt pour la communication était assez généraliste sans orientation spécifique pour le luxe mais avec une très forte sensibilité pour l’art dans toutes ses formes.
C’est mon premier job étudiant en tant que conseillère de vente chez Agatha, d’abord à Cannes ensuite à Paris, qui m’a fait découvrir le floor, la réalité du terrain, après le marketing et la publicité - l’heure de la vérité face aux clients.
C’est ensuite un remplacement de congés maternité dans l’import-export et le développement commercial à l’international des Maisons de beauté qui m’a ouvert les portes du luxe – c’est ainsi que je suis entrée dans cet univers codifié et très exigent.
Après un Master j’ai continué mes études avec un Doctorat à l’Université Assas Paris et en parallèle j'ai continué à travailler dans l’écosystème du luxe et j'ai eu la chance de découvrir plusieurs métiers et de toucher à divers secteurs pour acquérir une expérience professionnelle très riche.
Ma carrière a pris un tournant lorsque j'ai intégré l'IESEG en 2009 lors de l’ouverture de son campus parisien. Au travers différents postes et missions j’y ai découvert le monde de l’enseignement supérieur et j’ai pris goût à la transmission du savoir et de valeurs universelles comme l’excellence et le dépassement de soi. J’ai pu transmettre ma passion pour le luxe en enseignant et en développant des formations innovantes à la fois pour des étudiants et des professionnels. Mon réseau luxe et mode s'est élargi petit à petit grâce à ces différentes expériences, et c’est ainsi qu’en 2019 j’ai rejoint l'EFAP pour développer des masters spécialisés Luxe et créer des programmes spécifiques sur la communication dans la Mode.
Ce mélange d'expériences académiques et professionnelles a formé ma vision et m'a préparée à des rôles de leadership dans le domaine de l'enseignement supérieur dédié au luxe et en particulier à celui que j’occupe depuis juillet 2023 – Directrice de l’Institut Supérieur de Marketing du Luxe (Sup de Luxe).
Votre première expérience en tant que Responsable Marketing dans le monde des Arts vous a certainement donné une vision unique du marketing. En quoi cette expérience a-t-elle façonné votre approche dans votre rôle actuel ?
En 2008, j’ai en effet occupé le poste de Responsable marketing d’une chaîne de télévision dédiée à l’art contemporain où dans l’organigramme je me situais entre le Directeur artistique et le Directeur financier. J’avais pour mission de faire des arbitrages pour concilier ces deux visions à priori incompatibles et au-delà des compétences marketing, ce sont mes qualités personnelles qui ont fait la différence – l’art de percevoir avec l’élégance, l’agilité, ma sensibilité artistique entre autres…Le business model reposait sur l’évènementiel, le sponsoring et les collaborations pour valoriser à la fois l’art et les artistes, et les Maisons de luxe partenaires. C’est à ce moment que je me suis familiarisée avec les secteurs de l’automobile de luxe et des vins & spiritueux qui investissaient plus que les autres pour apporter un supplément d’émotion.
Vous avez travaillé à des niveaux différents dans des institutions académiques. Comment cette diversité de rôles vous permet-elle de mieux comprendre les défis auxquels les étudiants font face aujourd'hui ?
J’ai eu cette chance d’évoluer dans de nombreux départements de l’enseignement privé : l’enseignement et la recherche, le marketing, les relations internationales etc. et de collaborer étroitement avec tous les autres. On est souvent venu me chercher pour me proposer de piloter des projets transversaux – j’ai souvent dit oui, par curiosité et avec ouverture d’esprit. Je n’hésitais pas à cumuler les missions : à 29 ans à l’IESEG je travaillais pour trois départements différents et je reportais à trois N+1 au quotidien. Mon profil international m’a amené à collaborer avec de nombreux partenaires dans le monde, à beaucoup voyager et m’inspirer des pratiques et modèles des meilleures institutions académiques.
J’ai également pu comparer l’approche scientifique d’une école de commerce et celle professionnalisante d’une école de communication, et ma vision de la formation se situe aujourd’hui entre les deux. C’est ce qui m’a entre autres conduite à Sup de Luxe qui incarne parfaitement ce positionnement : dans un cadre académique solide, avec des programmes reconnus, proposer des formations au plus proche de l’industrie du luxe, avec une ingénierie pédagogique qui intègre rapidement avec beaucoup de souplesse les enjeux et les dernières actualités du luxe.
Cette stratégie hybride améliore l’employabilité des étudiants et les prépare à faire face aux changements. Je crois qu’afin d’accompagner au mieux les nouvelles générations dans leur épanouissement professionnel, nous avons la responsabilité de nous adapter : innover nos méthodes, revoir nos habitudes, repenser notre pédagogie avec bienveillance et sans jugement. Sans aucune intransigeance cependant sur les valeurs universelles – le respect, la rigueur et l’excellence.
En tant que Directrice Exécutive au sein de Sup de Luxe, quelles stratégies mettez-vous en place pour aligner l'enseignement avec les exigences actuelles de l'industrie du luxe ?
A ce sujet, je m’inscris dans la continuité, car aligner les exigences de l’industrie du luxe et de ses secteurs et l’enseignement est l’ADN même de Sup de Luxe. Fondée par des professionnels et la maison Cartier en 1990, Sup de Luxe est la seule école spécialisée à avoir cette double expertise : celle d’une institution de l’enseignement supérieur dédiée à la formation aux métiers du luxe et celle d’un acteur même de l’écosystème du luxe qui participe aux décisions qui animent l’industrie pour imaginer et inspirer le luxe de demain.
Concrètement, ce sont des échanges quotidiens avec les dirigeants et les DRH des maisons et agences spécialisées ou des partenariats B2B avec des initiatives institutionnelles comme les Talents du luxe ou le salon ReLuxury qui nourrissent nos réflexions et les innovations que nous mettons en place. Pour les étudiants, cela se traduit par de nombreuses expériences immersives et des rencontres avec des experts, Grands Témoins et diplômés, mais aussi par la publication d’ouvrages et de livres blancs ou encore l’intégration de Chaires d’excellence comme celle « Innovation et Entrepreneuriat dans le secteur du luxe » avec la marque française de montres MARCH LA.B.
Ce travail se traduit par la diversification régulière de notre portefeuille de programmes : côté Master, trois nouvelles spécialisations supplémentaires de notre MBA historique sont ajoutées cette année (Automobile de luxe, Marché de la beauté et des cosmétiques et Immobilier de luxe et nouveau Lifestyle). En parallèle nous lançons un Exécutive MBA en anglais, à temps partiel, s’adressant à des profils de cadres dirigeants en reconversion, à des managers à haut potentiel désireux d’entrer dans le secteur du luxe ou qui souhaitent évoluer vers un poste stratégique.
Votre parcours alliant expérience académique et professionnelle dans le secteur du luxe a sans doute été riche en enseignements. Quelles sont les principales valeurs et leçons que vous souhaitez transmettre à vos étudiants pour les préparer à une carrière réussie dans l'industrie du luxe ?
Les étudiants qui rejoignent Sup de Luxe s’identifient déjà dans nos valeurs : l’exigence, l’excellence et le respect. Nous mobilisons ensuite l’ensemble de la communauté (professeurs, entreprises, maîtres de stages et alternances, partenaires, Alumni, invités et Grands Témoins), pour leur transmettre l’humilité, l’esprit critique, l’ouverture d’esprit et la curiosité.
Nous adaptons les leçons à retenir selon la maturité des étudiants - en Bachelor pour les plus jeunes ce qui compte c’est apprendre à se connaître, à connaître l’autre et s’adapter, et donc le développement personnel est mis au cœur de la pédagogie. Dans nos programmes MBA et MSc, la formation au luxe est très immersive et expérientielle.
De manière générale, nous savons que les connaissances et les compétences ne suffisent plus - c’est le savoir-être qui fait la différence avec toute une panoplie de soft skills à évaluer régulièrement.
Selon vous, en quoi Sup de Luxe se distingue-t-elle des autres institutions en matière de formation spécialisée dans le luxe ?
Dans un secteur aussi exigent qu’inspirant, Sup de Luxe s’affirme depuis 1990 en tant qu’institution historique et incontournable à la fois pour l’industrie du luxe et dans la formation de ses talents. Les reconnaissances, les labels et les classements de nos programmes, ainsi que les carrières de nos diplômés, en sont aujourd’hui la preuve.
En tant que pionnier depuis 35 ans dans la formation au management et au marketing du luxe, Sup de Luxe a su innover sa pédagogie, diversifier ses liens avec l’industrie du luxe et faire évoluer ses expertises multi-secteurs, multi-métiers, multi-tendances.
En fidélité avec l’héritage de l’Institut et l’approche visionnaire de ses fondateurs, Sup de Luxe, riche d’un réseau fidèle et influent de plus de 4000 Alumni, a pour ambition de continuer à promouvoir et à faire rayonner le savoir-faire et le luxe à la française.
Pour terminer sur une note plus personnelle, si vous étiez :
- Un livre : « La promesse de l’aube » de Romain Gary pour son ode à l’amour maternel, envahissant et inconditionnel, celui d’une mère slave en particulier.
- Une œuvre d’art : un tableau de Marc Chagall, au choix, capable de me faire revenir à l’essentiel en toute circonstance. Pour l’émerveillement devant les choses simples au quotidien que je cultive.
- Une musique : la chanson Smells Like Teen Spirit de Nirvana, en hommage à l’ado que j’ai été.
- Une couleur : le jaune qui symbolise chez moi l’optimisme, l’été et la lumière.