Après avoir affiné son savoir-faire auprès de grandes maisons, il a choisi de revenir aux racines de la Bretagne où il réinvente les classiques de la région avec une finesse et une originalité impressionnante. À travers son restaurant, la Maison Kervarrec, il crée des plats qui allient respect du terroir et innovation. Avec une quête constante de perfection, il fait rayonner la Maison Kervarrec sur la scène gastronomique internationale.
Dans cette interview, Ronan nous ouvre les portes de son univers culinaire, partageant les clés de son parcours, ses inspirations et sa vision d'une cuisine qui va au-delà de la simple création pour devenir un véritable art de vivre. Un échange précieux avec l'homme derrière les deux étoiles Michelin !
Bonjour ! Pour commencer, pouvez-vous nous raconter la naissance de votre passion pour la gastronomie et comment cette passion est devenue un véritable projet de vie ?
Enfant de parents restaurateurs, je passais beaucoup de temps en cuisine simplement pour voir mon papa et ma maman. Mon frère et moi étions en pension chez les jésuites et ma sœur chez les sœurs car c'était une époque où la France allait bien et travaillait beaucoup, nos parents n'avaient pas suffisamment de temps pour nous et c'était une maison très réputée dans la région. Mais nous étions heureux, ils ont été formidables avec nous ! Ma passion est donc venue de mon parcours scolaire et non d'avoir passé du temps en cuisine avec papa. Étant dyslexique, à une époque où l'on ne connaissait que très peu ce trouble du langage écrit, j'avais de grosses difficultés à l'école et dans les apprentissages, donc des notes catastrophiques, des professeurs très durs qui me donnaient punitions sur punitions. J'étais rabaissé, dévalorisé, traité de "bon à rien". Tout cela a créé un manque de confiance en moi et donc un mal-être. Mes parents ont pris la décision de m'envoyer au lycée hôtelier à Dinard et là, ce fût une libération ! J'ai été apprécié, conseillé, suivi, poussé à mieux faire, orienté et respecté. Poussé à me dépasser ! Je me sentais bien... les bonnes notes et les félicitations sont arrivées, ainsi que la valorisation de soi. J'étais libéré, la confiance fût de plus en plus positive. Enfin la joie d'être quelqu'un de bien.
C'était le commencement de mon amour pour ce métier, donner du plaisir et du bonheur en repoussant mes limites pour faire et donner du plaisir. Je ne suis pas passionné. Ce qui m'anime c'est de procurer du plaisir, c'est de faire plaisir, de sentir, de ressentir la joie et le bonheur de nos convives : toucher les cœurs, les sentiments, créer de l'émotion... Ainsi que le bien-être des équipes, de les faire grandir par la transmission et le respect, c'est ce qui me nourrit. Je fais ce métier pour tout cela. Cuisiner pour cuisiner ne m'intéresse pas. C'est plus profond que ça. Être un passeur de plaisir, de bonheur et de joie, il faut que cela soit plus fort que de simplement cuisiner. C'est un art de vivre, l'amour !!! Et quel bonheur de pouvoir y arriver !
Quel a été le déclic qui vous a poussé à fonder la Maison Kervarrec ? Et aujourd’hui, en tant que Chef Propriétaire, comment gérez-vous l'équilibre entre être créateur, manager et ambassadeur de votre maison étoilée ?
Un épanouissement de couple car nous sommes identiques. Créateur, manager, ambassadeur, c'est ce que j'ai fait pour mes précédentes maisons.
J'ai conservé les 2** à Eze, J'ai mis 2** étoiles à St Emilion et 2** étoiles chez nous à St Grégoire dans mon Pays, La Bretagne, avec l'aide de nos équipes, important à préciser !
J'ai toujours travaillé comme si j'étais chez moi. Nous l'avons juste concrétisé chez nous.
Obtenir deux étoiles Michelin est un accomplissement exceptionnel ! Qu’est-ce que cette reconnaissance a changé dans votre manière d’aborder la cuisine et comment continuez-vous à vous renouveler pour faire briller la Maison Kervarrec ?
Je n'ai jamais pensé aux étoiles juste pour faire plaisir. Ce qui à changer, c'est le regard et la considération des autres.
J'avais une histoire à raconter, mes souvenirs au travers de mon papa, les sauces, les produits, les odeurs, les saveurs, je poussais plus loin pour mieux la raconter, la comprendre, l'apprécier, la découvrir. Tout cela prend sens et fait aujourd'hui briller notre maison.
Selon vous, quelles sont les qualités d'un grand Chef et qu’est-ce qui fait la différence entre une bonne cuisine et une cuisine mémorable, celle qui marque à jamais ?
Son histoire, son terroir, sa signature sans plagiat, son identité culinaire, l'origine de produits formidables.
Le respect de ses équipes, donner du sens à ce qu'ils font, les faire évoluer, transmettre, les faire grandir, les respecter... les aimer !
Votre cuisine est inspirée par la Bretagne. Mais si vous deviez définir votre style culinaire en trois mots, quels seraient-ils et pourquoi ?
Souvenir, Iode & Émotion
Aimer, toucher les cœurs, créer une parenthèse hors du temps, ne plus penser qu'au moment présent, un cocon de bien-être.
Pour ceux qui rêvent de décrocher une étoile Michelin ou créer leur propre restaurant, quels conseils auriez-vous à leur transmettre pour les guider vers le succès ?
L'humilité, le travail, l'acharnement, la rigueur, l'histoire, la signature, la transmission, l'amour, prendre du plaisir pour soi, pour son équipe et pour ses convives
Pour terminer sur une note personnelle, si vous étiez...
- Une saveur : Le Plaisir
- Un ingrédient : L'Amour
- Une émotion : Le cœur
- Une citation : Le goût, le goût, le goût au service du GOÛT, la magie du spectacle gustatif.
