Entretien avec des Talents inspirants : Amance Panisset, Lucie Tournadre et Chloé Gauthier

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Plus tôt cette année, nous avons été honorés d’être invités par nos partenaires de la prestigieuse école de Glion à co-organiser leur Luxury Summit de Paris dans le prestigieux cadre de l'Hôtel Lutetia. Lors de cet événement, nous avons organisé une compétition axée sur les collaborations marketing entre l’hôtel iconique qui nous accueillait et de grandes marques de luxe. Entre de nombreuses participations de grande qualité, les idées présentées par Amance Panisset, Chloé Gauthier et Lucie Tournadre nous ont semblé être les plus novatrices, les plus captivantes.

Aujourd'hui, nous vous invitons à découvrir un peu plus sur ces jeunes talents, leur parcours et ce qui les passionne dans le domaine du luxe, au cours de l’entretien « table ronde » que Lucie, Amance et Chloé nous ont accordé.

 

Vendom Talents - Que signifie le luxe pour vous ?

Amance Panisset - Le luxe peut revêtir plusieurs définitions. Selon moi, le luxe est avant tout un état d’esprit. Il est le plus souvent associé à des besoins qui vont au-delà des nécessités essentielles. Synonyme de raffinement, de qualité exceptionnelle, d’histoire et d’exclusivité, le luxe représente pour moi l'incarnation du quasi inatteignable à son apogée.

Chloé Gauthier – Quant à moi, je l’associe à une notion de désir et d’envie liée à une valeur. Cette valeur peut être sentimentale ou financière. Le secteur du luxe représente quelque chose d’unique et de magnifique à mes yeux, se traduisant sous forme d’art. Cette forme d’art du luxe s’exprime selon deux aspects : elle peut être durable ou éphémère. J’associe un produit durable de luxe au savoir-faire et à l’esthétisme, ce qui le rend précieux. En revanche, un produit éphémère de luxe évoque quelque chose de temporel, procurant un plaisir unique dans le moment présent, et devient une expérience passée laissant une empreinte mémorable.

Lucie Tournadre – C’est certain, le luxe est un état d’esprit et chacun peut avoir sa propre définition. Pour ma part, le luxe se manifeste à travers des créations d'exception qui se distinguent par leur rareté, leur attention méticuleuse aux détails et leur utilisation de matériaux de haute qualité. Elles symbolisent le statut, la réussite et la créativité, offrant des expériences uniques et agréables.

A.P. - Je pense également que le luxe peut se résumer à des aspects très simples de la vie, et ce mode de vie ou cet attrait peut différer d’une personne à l’autre. Pour certains, posséder un accessoire de luxe leur permet de se sentir intégrés dans cette caste très restreinte qu’est le monde du luxe. Pour d’autres, une fois atteint, le luxe n’a plus la même valeur. Je crois qu'il existe un équilibre entre ces deux perspectives et que chacun possède finalement une définition très personnelle du luxe.

Chloé Gauthier

 

V.T. - Qu'est-ce qui vous a d'abord attiré dans l'industrie du luxe et qu'est-ce qui vous a motivé à poursuivre une carrière dans ce domaine ?

L.T. - Ce qui m’a attiré dans l’univers du luxe, c’est l’exigence ainsi que le sens du détail. Le savoir-faire et la rigueur sont des valeurs qui m’ont particulièrement plu et auxquelles j’ai adhéré directement. C’est un univers qui me passionne, et je souhaite continuer à évoluer dans cette industrie qui est à la fois enrichissante et passionnante.

A.P. - Ce qui me motive particulièrement, c’est l’excellence que l’on apporte à chaque service, à chaque prestation. Le soin, la précision et la technicité avec lesquels chaque pièce de luxe est façonnée, ou encore l’extrême précision avec laquelle un service est offert, me fascinent.

En tant qu'ancienne infirmière en réanimation néonatale, je voue un attrait tout particulier pour la minutie et le travail parfait. Ce qui m'attire vraiment, c'est le souci du détail. Chaque élément est soigneusement considéré et rien n'est laissé au hasard. C'est précisément cela qui contribue à créer un produit ou un service parfait, adapté et personnalisé.

C.G. – Pour moi, c’est tout un contexte, familial entre autres. Depuis mon enfance, le secteur du luxe m'a toujours attirée. Ma grand-mère a travaillé pendant plusieurs années chez Pommery, qui appartenait à l'époque à LVMH. D'autres membres de ma famille ont travaillé pour divers groupes tels que Hermès et Le Printemps. Enfant, j'adorais les robes de princesses, et dans le film de Disney 'La Belle et la Bête,' c'était surtout la robe en or de Belle qui me fascinait.

Cette passion pour les belles robes s'est concrétisée par la création de petites robes pour mes poupées Barbie Matel. Les robes de mes poupées étaient inspirées des danseuses de 'Danse avec les Stars.' En 2018, j'ai visité la magnifique exposition 'Christian Dior, Couturier du Rêve' au Musée des Arts Décoratifs. Ce fut une révélation en ce qui concerne le travail dans le secteur de la mode. Aujourd'hui, ma motivation à travailler dans le secteur du luxe est toujours intacte. J'adore la mode, en particulier la haute couture : toucher les tissus, voir le croquis se concrétiser en produit final et discuter avec les artisans sont des moments magiques.

 

V.T. - Pouvez-vous décrire votre expérience de travail dans ce secteur ? Quelles leçons précieuses avez-vous apprises ?

C.G. - Lors de mon stage au sein de la Maison Christian Dior Couture, j’ai assisté aux rendus des croquis. J’étais fascinée en voyant les pièces prêtes pour le showroom et la présentation. Parcourir l’atelier et apercevoir les conceptions en cours de création pour les commandes spéciales a stimulé ma motivation et a été une expérience inoubliable.

J’ai découvert que chaque personne avait un rôle essentiel au sein d'une Maison de Luxe et que le savoir-faire des artisans, leur talent sont tout simplement incroyables.

A.P. – De mon côté, j’ai appris que l’analyse était un élément clé. Être capable d’avoir un œil aiguisé et une capacité d'analyse critique pour offrir le meilleur service ou examiner un produit est essentiel dans les métiers liés au monde du luxe. De mon expérience, j’ai également compris l'importance de la remise en question. En effet, ce milieu est très rigoureux, avec des codes bien établis à respecter. Se remettre en question est essentiel pour ajuster sa pratique professionnelle et proposer un service d’une qualité exceptionnelle, en accord avec les exigences du luxe.

L.T. - J’ai eu la chance de réaliser un stage au sein de la maison Van Cleef & Arpels en tant qu’assistante de vente au corner des Galeries Lafayette. Au cours de cette expérience, j’ai eu l’opportunité d'acquérir de nombreuses compétences dans le domaine de la joaillerie et de l’horlogerie. J'ai pu apprendre à gérer une boutique où le trafic est très dense, étant donné la présence d'une clientèle internationale importante. La clientèle asiatique est particulièrement enthousiaste envers la maison Van Cleef & Arpels.

J'ai suivi des cours de chinois pendant mon bachelor à Sup de Luxe, et j'ai eu l'occasion de mettre en pratique cette compétence pendant mon stage. Cette expérience a été à la fois très enrichissante et passionnante. J’ai développé un véritable coup de cœur pour cette maison, qui possède un riche héritage.

 

Lucie Tournadre

 

V.T. - Que diriez-vous aux étudiants de privilégier pendant leurs études universitaires ? Y a-t-il des éléments spécifiques qui, selon vous, pourraient avoir un impact important sur la carrière d'un étudiant ?

A.P. - L’image que l’on renvoie au premier regard est essentielle. Depuis le début de mes études et même avant, je me suis toujours posé cette question : si aujourd’hui je croisais mon futur employeur dans la rue, serais-je adapté(e) ?

Savoir s’exprimer, se comporter en public ou encore se tenir droit font partie des fondamentaux.

Être poli(e), soigné(e) et attentif/attentive à chaque détail ne devrait pas être seulement pris en compte dans un contexte professionnel. Ce sont, pour moi, des éléments essentiels à intégrer dans son mode de vie.

L.T. - L’apprentissage des langues est un élément primordial dans l’univers du luxe. La maîtrise de l’anglais est fondamentale, et l’apprentissage du chinois est un atout, étant donné que cette clientèle est aujourd’hui la plus importante. Selon moi, pour réussir dans l’univers du luxe, les compétences relationnelles (soft skills) jouent un rôle essentiel. Le savoir-être ainsi que le savoir-vivre sont des valeurs indispensables dans ce domaine.

A.P. – Absolument, lorsque l’on commence un travail, tout peut s'apprendre, des tâches aux processus. En revanche, l’attitude est une part intrinsèque de notre personnalité. Elle doit être irréprochable, car elle constituera notre premier CV lors des multiples rencontres que nous aurons tout au long de notre vie.

C.G. – Oui et si je devais donner des conseils aux étudiants qui souhaitent travailler dans le secteur du luxe, ce serait aussi de lire des livres sur le domaine qui leur plaît, d'essayer de se construire un réseau et de poser des questions. Selon moi, ce sont trois éléments très importants. Lire permet d’acquérir une culture générale, avoir un réseau (online et offline) peut vous mettre en contact avec des personnes dont le métier vous attire, et ce sont des personnes à qui vous pouvez poser des questions sur leurs expériences professionnelles afin de déterminer si cela vous convient ou non.

 

V.T. - Selon vous, quels sont les facteurs clés qui contribuent au succès d'une marque de luxe ?

C.G. - Rester humain et conserver le savoir-faire des ateliers sont deux aspects essentiels. Pour toute entreprise, il est crucial de maintenir une dimension humaine, car nous passons la majorité de notre temps sur notre lieu de travail. Avoir un environnement de travail sain et agréable contribue au succès d’une marque de luxe, ainsi que de toute entreprise, peu importe le secteur. Valoriser le sentiment d’appartenance à une grande famille et le partage d’une passion commune.

A.P. – Oui, et puis le succès d’une marque de luxe repose avant tout sur la qualité des produits/services offerts et mis en avant.

C.G. – C’est certain, le savoir-faire est un facteur clé, qui est présent dans tous les secteurs : l'hôtellerie, la couture, la joaillerie, la gastronomie, etc. Le savoir-faire revêt une grande importance car il représente l'héritage culturel de l'art et de la méthode de fabrication des marques et des pays. Cela se transmet de génération en génération.

A.P. –  Cependant, le succès d’une marque de luxe dépend également de sa capacité à s’adapter à son public cible en diffusant de manière ciblée et en accordant une place particulière à l'expérience. L'objectif lors d'une expérience d'achat dans une maison de luxe n'est plus seulement l'acquisition du produit, mais également l'expérience en boutique qui est proposée. Cette expérience, unique et sur mesure, permet au client de se sentir exceptionnel. C'est selon moi ce qui fait d'une marque de luxe un acteur de son propre succès.

L.T. - Selon moi, l’expérience client qu’une marque de luxe offre, ainsi que son service après-vente, contribuent grandement à son succès, peut-être même en premier lieu. De plus, l’innovation et la créativité sont primordiales pour assurer la pérennité et le renouvellement des collections et des créations.

A.P. –  Oui et je dirais que le succès d'une marque de luxe repose sur sa capacité à créer une expérience globale exceptionnelle qui transcende le simple produit et répond aux aspirations, aux émotions et aux valeurs de chaque client.

 

Amance Panisset

 

V.T. - Comment voyez-vous l'évolution future de l'industrie du luxe, et quels sont les défis et les opportunités que vous anticipez ?

L.T. - Les tendances, les défis ainsi que les opportunités susceptibles d’influencer l’évolution de l’industrie du luxe, selon moi, sont la durabilité et la responsabilité sociale des maisons du luxe, ainsi que la digitalisation, l’expérience client et la personnalisation. Il sera important dans les années à venir de maintenir l’exclusivité, d'assurer un équilibre parfait entre tradition et innovation, et de présenter une image de marque positive grâce à des collaborations positives et créatives.

A.P. - L'industrie du luxe continuera probablement à évoluer à mesure que les tendances culturelles, technologiques et économiques façonnent les attentes des consommateurs et les stratégies des entreprises.

L.T. - Je pense que les maisons de luxe vont devoir s’adapter aux nouveaux marchés émergents ainsi qu'aux dernières technologies.

A.P. - Pour moi, il est donc essentiel que les marques de luxe s’adaptent à ces nouveaux marchés afin de satisfaire de nouvelles cibles. Ces cibles, plus jeunes et plus connectées, sont souvent fortement médiatisées et offrent aux marques de luxe de nouvelles opportunités de se faire connaître à travers de nouveaux canaux. Ainsi, s’ouvrir à ces nouvelles cibles serait un réel atout, tout en préservant la clientèle régulière et déjà implantée qui génère la plus grande partie du chiffre d'affaires de ces maisons.

C.G. – Oui, et l’industrie du luxe restera toujours un marché en plein essor. Le prix des services et des produits sera en corrélation avec l’inflation des prix des matières premières.

Pour prendre un exemple concret, dans un futur proche, de nombreux clients seront influencés par la culture sud-coréenne. Les célébrités sud-coréennes sont de plus en plus nombreuses à devenir des ambassadrices de Maisons de Luxe, telles qu'Eunwoo pour Dior Beauté et Dior Homme, Kim Jennie de Black Pink pour Chanel, et J-Hope de BTS pour Louis Vuitton.

L’influence de la culture sud-coréenne favorise les stratégies de communication à travers les dramas sud-coréens, où le placement de produits devient une nouvelle stratégie de communication. Par exemple, la marque Tissot apparaît dans 'Tales of the Nine-Tailed' (1938), et les marques Bulgari et Balmain sont présentes dans le drama coréen 'Celebrity'. Avec ces expansions de marché, il est essentiel d'être prêt à utiliser l'intelligence artificielle et de faire preuve d'intelligence culturelle en s’intéressant aux cultures de ces nouveaux marchés.

 

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